Roger HOURDIN originaire du Calvados (Saint-Pierre-sur Dives) est en juin 1940 à Lorient (Morbihan) comme cheminot de la SNCF.
Suite a plusieurs actes de sabotage sur matériel de guerre allemand dont celui en gare de Gestel, Roger abandonne son poste de cheminot. Il passe en clandestinité car recherché par la Gestapo. Il par vers le Sud-Ouest de la France, puis s’évade en passant par l’Espagne. Le 5 décembre 1942 il est à Madrid. Le 13 janvier il est arrêté par les autorités espagnoles. Après seulement 51 jours d’internement (il déclare être canadien) il est libéré, dirigé vers Gibraltar pour embarquer sur le "Athlene Castel). Roger HOURDIN arrive à Liverpool puis Londres le 16 mars 1943.
Maintenue au secret 3 semaines à "Patriote School" il signe un engagement au Forces Françaises Libres le 8 avril 1943.
A la suite de cet engagement Roger passe comme tous le monde par les bureau du BCRA pour y raconter sa vie, son temps sous l’occupation, ses actes de résistance è l’ennemie et surtout évoquer son évasion. Puis un peu moins habituel pour les nouveau engagé, il passe par le bureau d’information ( propagande FFL) et est reçu par le Lieutenant Shumann, très intéressé par son parcours. Un longue discutions à lieu et ce fini dans un Taxi à coté de Shumann en direction de la BBC à Bush House.
Et voila Roger HOURDIN qui franchi une grande porte vitrée "French Section News BBC"
Nous sommes le 15 avril 1943 après un passage à l’écrit avec une secrétaire, des tests au plus célébré des micros de Londres Roger monte sur les toit de l’immeuble prendre l’air et réaliser ce qui lui arrive lui le petit cheminot de Lorient. il va parler aux français, à ces camarades cheminots avec le même micro que celui de De GAULLE !
Il est 21 heure 15, après l’indicatif célèbre, l’ouverture de la 3eme symphonie de Beethoven, ...
« Ici ! Londres ! », et après encore quelques mesures de la symphonie :
« La B.B.C. vous présente son troisième bulletin d’informations, etc., etc., »
et suivent les nouvelles de tous les fronts. Cela dure une quinzaine de minutes et, après un commentaire des nouvelles fait par Jacques Duchêne, à nouveau :
« Ici ! Londres ! Les Français parlent aux Français, un jeune breton récemment arrivé en Angleterre vous parle :
« Je suis un jeune Breton récemment débarqué en Angleterre. Je m’adresse à tous les Français, et en particulier à mes chers compatriotes de la région lorientaise, à mes camarades cheminots, à mes parents.
Je dois tout d’abord vous dire que les Français reçoivent en grande Bretagne un accueil qu’on ne peut qualifier que de chaleureux. On ne sait quoi faire, ici, pour vous être agréable, et les yeux de nos amis britanniques sont tournés avec douleur vers notre pauvre France, martyrisée, dépouillée par l’ennemi de toujours.
J’ai eu, depuis mon arrivée, très souvent l’occasion de converser avec des Anglais ayant vécu en France, connaissant bien la France, vous ne pouvez pas savoir à quel point ces gens souffrent de vous savoir souffrir !
J’espère que vous m’entendez, vous mes camarades de l’école primaire supérieure de Lorient. Vous rappelez-vous, 5 mois environ, après le début de l’occupation de notre ville, les boches amenèrent des pauvres gens de tous les pays : Belges, Hollandais, Annamites, désignés pour travailler en France, comme vous êtes envoyez, vous-mêmes, de force, en Allemagne.
Ils logèrent ces ouvriers dans des baraquements construits par leur « Organisation Todt » et entreprirent la transformation de notre Kéroman en base sous-marine. A ce moment, nous souhaitions déjà, malgré les grands dangers, les bombardements de la R.A.F.
Mes ces abris se construisirent et s’achevèrent. vinrent les sous-marins, et, évidemment, de plus en plus de boches, si bien que notre Lorient est maintenant un pays où l’on peut voir tous les uniformes des gangsters d’Adolf Hitler :
Les marins, avec leurs bérets à rubans, l’infanterie de marine, les ouvriers des arsenaux, avec leurs uniformes vert foncé, l’Organisation Todt, souvent vêtus de nos anciens uniformes kaki, souillés par le brassard rouge à l’horrible croix gammée, la D.C.A., en gris fer, les aviateurs, à la suite de la construction du fameux aérodrome de Lann-Bihoué, pour laquelle on a chassé des paysans de leurs fermes, saccagé des champs de blé presque mûr, abattu des pommiers en fleurs.
Et puis, il y a aussi les flics de la Feldgendarmerie, avec leurs bavettes leur donnant l’allure de vaches primées à un concours agricole.
Te souviens-tu, toi, mon meilleur ami, de ce jour où nous nous promenions sur le cours de Chazelles, à bicyclette, et où ces sales brutes nous firent payer, de suite, un mark, pour ne pas rouler l’un derrière l’autre ?
Et puis, nous avons vu les marins de Mussolini, qui, très souvent, avaient des ennuis avec ceux de Monsieur Adolf ! Ils en venaient même quelquefois aux mains !
Enfin, nous avons vu des Japonais, et toute cette racaille de « désaxés » mangeait, et mange toujours notre pain, emprisonne, condamne, fusille, déporte nombre de nos compatriotes qu’on nomme « volontaires pour la relève », parce que c’est un terme qui fait bien !
C’est si facile de faire souffrir un peuple désarmé et brime par un odieux chantage !
Je pense aussi à vous, mes deux camarades cheminots, du service « traction », qui reposez maintenant dans un coin du cimetière de Vannes, lâchement assassinés, en pleine jeunesse, par l’ennemi, toujours ce même ennemi, mais vous serez vengés, vous êtes morts pour la France, la France vous vengera !
Je sais, Lorientais, que vous avez souffert, que vous souffrez encore, mais que c’est avec stoïcisme. Je sais que vous avez été obligés de quitter vos foyers, notre ville étant devenue un vaste objectif boche qu’il est nécessaire de détruire, mais je sais aussi ce que vous pensez ! Les Boches vous faisant tant de mal, votre sacrifice n’est pas vain, croyez-moi !
Je sais quel hommage vous rendez aux héros de l’air qui meurent pour notre liberté sur notre sol. Je sais comment nous endurions les raids avant mon départ, je sais que, malgré leur violence sans cesse croissante, vous êtes restés braves.
Continuez, mes chers compatriotes ! Et mettez-vous bien dans l’idée que vous participez, vous aussi, par votre courage et votre résistance, à cette victoire qui approche.
Ici aussi, les souffrances ont été grandes lorsque les avions d’Hitler bombardèrent la City, dont j’ai vu les ruines, mais le moral magnifique du peuple britannique a triomphé, et, maintenant, c’est l’Allemagne qui commence à comprendre et à endurer cette guerre qu’elle a provoquée et qui la précipite, à vive allure, vers un épouvantable désastre.
Je me rappelle aussi du premier départ de nos Lorientais, désignés pour le travail en Allemagne. Je sais avec quel moral ils sont partis, ne chantaient-ils pas notre « Marseillaise » ?
Ils hurlaient même quelques petits propos qui n’eurent certainement pas été du goût du sinistre Laval, s’il les avait entendus !
Enfin, quelques mots pour vous, mes camarades cheminots :
On vous a fait travailler comme des bagnards avec des salaires de famine, mais vous faites, de temps en temps, des petits travaux qui ne sont pas tout à fait inutiles. Les wagons oublient quelquefois qu’ils sont faits pour rouler uniquement sur rail ! Votre tâche est rude, je le sais, puisque, cheminot moi-même, j’ai eu pendant deux ans à travailler comme vous, c’est à dire pour presque rien ! Mais soyez résistants, nous savons ici que vous êtes une des corporations qui déteste le plus les Boches ! Continuez donc, résistez, la France vous en saura gré !
Lorientais, vous êtes braves, les bombardements sont durs ! Mais je sais que vous les endurez, les Boches sont tellement hais !
Enfin, chers parents, si vous m’entendez, c’est Roger qui vous parle. Je vous embrasse bien fort, tous les trois, je suis dans les Forces françaises Combattantes, et je compte bientôt réaliser ce rêve qui m’obsède : Me battre pour la France !
Encore plus de courage ! On les aura ! Bonsoir ! »
– « Ainsi se termine notre troisième bulletin d’informations. Nous vous remercions de votre aimable attention, chers auditeurs de France, bonsoir ! »
Après cet épisode radiophonique que Roger reproduira plusieurs fois, Il choisira les parachutistes SAS de la France libre et sera incorporé à la 2e Compagnie d’Infanterie de l’Air, puis 1er Bataillon d’infanterie de l’Air et enfin 4th SAS - 2e RCP du commandant Bourgoin.

