Georges Fournier naît le 5 juin 1909, à Rueil-Malmaison. Rien ne laisse encore deviner le destin singulier de ce jeune homme calme et appliqué, promis pourtant à devenir l’un de ces soldats dont le courage traverse les époques.
À l’aube de ses vingt ans, il décroche son brevet de préparation militaire. Très vite, l’armée s’impose à lui comme une évidence. En novembre 1928, il devance l’appel et rejoint le 5e régiment d’infanterie. Quelques jours plus tard, il franchit les portes de la prestigieuse École spéciale militaire de Saint-Cyr, où il s’initie à la rigueur du commandement. En mai 1929, il en sort sous-lieutenant de réserve, prêt pour la carrière militaire qui s’ouvre devant lui.
Durant les années 1930, il sert dans les troupes coloniales, gravit les grades, et devient lieutenant de réserve en 1932.
Campagne de 1940
Lorsque la guerre éclate, en septembre 1939, il est rappelé sous les drapeaux et rejoint le 6e RIC. Là, au cœur de la « drôle de guerre », il prend le commandement d’un groupe franc, unité d’élite opérant en éclaireurs. Dans la forêt de Warndt, entre Moselle et Sarre, il obtient sa première citation pour une action audacieuse menée contre l’ennemis.
En mai 1940, la débâcle commence. À Bar-le-Duc, Georges Fournier et ses hommes tentent de contenir l’avancée allemande. Pendant un mois, ils combattent sans relâche, jusqu’à l’épuisement.
35 jours plus tard et 80 kilomètres plus loin en bordure de Barisey-la-Côte, alors qu’il dirige la 7e compagnie du régiment, le Lieutenant Fournier est Blessé au combat par des éclats de mortier. Malgré tous, il continue à mener ses hommes, avant d’être capturé dans la soirée du 20 juin 1940.
Conduit à l’Oflag XVIII A, il devient prisonnier de guerre. Rapatrié sanitaire en mars 1941 non pour ses blessures de mortier mais pour s’être fait passer pour sourd, il est démobilisé.
L’Indochine pour évasion
Désireux de reprendre le combat il essaye en vain de s’évader par l’Espagne. Sans réussite il opte pour une autre façon de quitter la France. il se réengage et embarque pour l’Indochine en mai 1941. Il rejoint successivement le 3e RTT puis le 9e RIC, et est promu capitaine en 1942. Mais l’Indochine sous domination japonaise devient une souricière. Le 15 mars 1943, il s’évade d’Indochine et rejoint la mission militaire de Long-Tchou, où il s’engage au service des Forces françaises libres (FFL).
Son périple le mène en Chine, puis en Inde, avant de gagner Alexandrie puis Le Caire.
Affecté d’abord au DTMO, il est ensuite muté à l’armée de l’air pour prendre le commandement du détachement de parachutistes de la base de Rayack (Syrie) le 15 juillet 1943.
Il rejoint ensuite le 3th SAS, en formation au Royaume-Uni. À Camberley puis en Écosse, il endure le rude entraînement propre aux commandos parachutistes et prend la tête de la 3e compagnie.
L’opération « Dickens » et la Résistance
Le 14 juillet 1944, il est parachuté en France dans le cadre de l’opération Dickens. À la tête de 65 hommes, il opère dans un immense territoire englobant le Maine-et-Loire, la Loire-Atlantique, les Deux-Sèvres, les Charentes et la Vendée. Sabotages, embuscades, destructions de voies ferrées : les actions s’enchaînent, entravant l’armée allemande et soutenant les maquis locaux. Ses hommes voient en lui un chef exigeant mais juste, dont la détermination ne vacille jamais. Le 6 septembre 1944 il est présent lors de la libération de Niort. Georges Fournier sera blessé le 27 septembre près de Moulin-Neuf à l’Est de Paimboeuf alors que son groupe tombe dans une contre-embuscade : 14 allemands sont tués, et le 1ère classe Pierre Dunyach décède.
À l’automne 1944, les SAS sont regroupés à Épernay. Georges Fournier ne rejoindra pas ses camarades parachutistes. Il se remet de sa blessure et sera muté à la DGER, où il met désormais son sens de l’action et sa rigueur au service d’une autre lutte – la traque des collaborateurs et des criminels de guerre.
Le 1er juillet 1948, après un engagement total et plusieurs campagnes, il quitte l’armée et redevient un citoyen parmi les autres. Mais son parcours reste celui d’un homme qui n’a jamais cessé de se battre pour la liberté.
Blessé à deux reprises, cité cinq fois, commandeur de la Légion d’honneur, décoré par les Britanniques de la prestigieuse Military Cross, Georges Fournier demeure une figure exemplaire de courage, de ténacité et d’honneur militaire.